Identité et débuts

Née le 25 septembre 1999 à Cotonou, au Bénin, Joséa Hermione Houéfa GUEDJE a grandi dans un environnement marqué par des questionnements sur son identité et sa place dans le monde. Deuxième fille de ses parents, elle a longtemps vécu avec une image erronée de son histoire de naissance. Le jour où elle vint au monde, la sage-femme annonça à son père qu’il venait d’avoir un garçon. Mais la réalité était toute autre : Joséa était une fille. Cette annonce, qui provoqua une vive déception chez son père, marqua durablement son imaginaire d’enfant. Convaincue qu’il aurait préféré un fils, elle grandit avec ce poids, renforcé par sa ressemblance physique avec un garçon et son allure souvent jugée masculine.

Son enfance fut rythmée par des épisodes douloureux qui accentuèrent cette blessure identitaire. À huit ans, vêtue d’un simple short, elle fut prise pour un garçon par ses camarades de classe, puis par un coiffeur qui lui fit une coupe masculine en s’excusant de s’être trompé. Ces paroles, bien qu’anodines pour certains, l’ont profondément marquée. Un autre souvenir marquant survint quelques années plus tard, lorsqu’un inconnu, la voyant porter une robe confectionnée par sa mère couturière, l’interpella en la traitant encore de garçon. Ce fut un électrochoc. Ce jour-là, elle se jura de devenir l’homme que ses parents n’avaient jamais eu.

Ces épreuves, loin de l’anéantir, nourrirent en elle une détermination farouche. Étudiante en master, seule femme dans une classe de dix-sept hommes pendant les premières semaines de cours, elle dut affronter les humiliations, comme ce professeur qui lança : « Pourquoi laisser une femme vous diriger, vous, dix-sept hommes bien bâtis ? » Ces paroles, blessantes, galvanisèrent sa volonté de réussir. Elle devint une « machine à performances », cherchant sans cesse à se dépasser, parfois au prix d’oublier de savourer ses victoires ou de remercier Dieu pour ses accomplissements.

Un autre tournant marquant survint à l’adolescence. Juste après l’obtention de son baccalauréat en 2016, un événement fort donna un sens nouveau à son avenir. Alors qu’elle accompagnait sa mère au marché, elle croisa, à un feu tricolore, un enfant touareg mendiant, les yeux embués de larmes. Dans ce regard, elle lut un appel fort : « Joséa, tu dois nous sortir de cette situation. » Bouleversée, elle rentra chez elle et, en quête de réponses, chercha sur l’ordinateur de son père quel métier pouvait permettre de nourrir les enfants. Un mot surgit : Agronomie. Malgré les réticences de son père, qui lui conseillait une autre voie, elle choisit de suivre sa conviction. Cette décision audacieuse devint l’une des plus belles de sa vie.

Peu à peu, Joséa découvrit que sa vocation ne se limitait pas à l’agriculture. Elle se dessinait autour du développement territorial et communautaire, guidée par ce souvenir d’enfance resté gravé. En parallèle, elle se découvrit une passion inattendue : l’art oratoire. À travers plus d’une quinzaine de compétitions d’éloquence, elle forgea sa voix, et trouva dans la parole un espace de renaissance. « Je vis quand je parle, et je renais quand je me tiens devant une salle », confie-t-elle. Son éloquence devint un outil puissant pour défendre ses idées, pitcher ses projets et mobiliser des soutiens. En moins d’un an, elle réussit à décrocher trois financements pour ses initiatives, preuve éclatante de la force conjuguée de ses convictions et de sa voix.

Parcours et évolution

De la maternelle jusqu’au CE1, Joséa Guedje avoue qu’elle détestait l’école. Elle y allait surtout pour savourer le riz chaud et le wassa wassa. Pourtant, un souvenir changea le cours de sa vie. Alors qu’elle jouait près du puits de la cour familiale, elle eut l’impression d’entendre une voix intérieure lui souffler : « Il est temps que tu arrêtes de t’amuser et que tu embrasses ta vie. » Ce fut le dernier instant d’insouciance. À partir de ce jour, elle se métamorphosa en une élève brillante et persévérante, jusqu’à l’obtention de son baccalauréat série D.

Un parcours entre le Bénin et la France

L'aventure universitaire de Joséa débuta à la Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) où elle obtint une Licence en Économie et Gestion des exploitations agricoles (2019), suivie d’un Master en Agroéconomie (2023). Malgré ses excellents résultats, elle ressentit une grande frustration : aucune bourse de thèse n’était envisageable, alors même qu’elle figurait parmi les meilleures de sa promotion.

La même année, une opportunité se présenta : un stage de fin d’études dans un laboratoire d’agroécologie entre l’Occitanie et le Bénin. Confrontée à des environnements multiculturels, elle dut s’imposer et faire entendre ses propositions, parfois ignorées par ses collègues étrangers. Poussée par ses professeurs de la FSA qui croyaient en elle, elle prit la décision audacieuse de poursuivre ses études en France.

En septembre 2024, elle intégra AgroParisTech pour un Master en Agroécologie et Développement territorial. Elle n’avait pas encore soutenu son mémoire du Bénin : chaque pause déjeuner à la bibliothèque était une occasion pour écrire et avancer. En avril 2023, elle soutint en ligne son master en Agroéconomie.

La suite fut marquée par des épreuves et des triomphes. Déstabilisée par un système nouveau, Joséa dut se déconstruire puis se reconstruire pour s’adapter. Le jour de sa soutenance à AgroParisTech, son directeur déclara : « Mlle Guedje, vous êtes sortie de nulle part, sans maîtriser le système agricole français, mais vous avez produit un master class. » Avec une note de 18/20, son mémoire fut traduit en livre blanc par la Fondation Avril, diffusé sur plusieurs plateformes.

Résilience et persévérance en terrain inconnu

En parallèle de ses recherches, elle devait collecter des données sur le terrain, souvent dans des zones montagneuses qu’elle parcourait seule en voiture. Le stress était tel qu’un jour, son corps céda et elle saigna du nez. Mais elle choisit le courage au lieu de l’abandon. Les nuits passées au laboratoire, sans voir le temps s’écouler, témoignaient de son abnégation. Ses temps de pause étaient consacrés à la rédaction d’un protocole de thèse, qui lui permit d’obtenir un financement CIFRE en décembre 2023.

Aujourd’hui en deuxième année de doctorat, elle prépare sa soutenance prévue pour septembre 2027, déterminée à faire de la recherche un levier concret de développement.

Premiers pas professionnels et artistiques

Dans le monde professionnel, Joséa a d’abord multiplié les expériences en laboratoires de recherche et travaille actuellement pour une collectivité territoriale. Elle oriente ses travaux sur l’axe de la recherche appliquée.

Parallèlement, son parcours artistique s’est affirmé. Elle fut l’une des têtes d’affiche du film Dahomey de Mati Diop, présenté à la Berlinale en 2024, où il remporta l’Ours d’or. En mai 2025, elle participa à une cérémonie de distinction au Parlement européen à Bruxelles, une reconnaissance internationale de son engagement culturel et intellectuel.

Un chemin semé d’obstacles et une expertise forgée par la polyvalence

Les défis n’ont pas manqué : devoir prouver sa légitimité dans certains milieux, gérer le stress lié à la poursuite d’études à l’étranger, trouver un équilibre entre résilience et performance. Pourtant, chaque obstacle a renforcé sa détermination. Son expertise s’est bâtie sur la constance et la polyvalence, à l’intersection de la recherche scientifique, de l’engagement communautaire, de l’art oratoire et de l’expression artistique.

Philosophie et vision

La trajectoire de Joséa Guedje est guidée par des valeurs profondes qui orientent chacune de ses décisions.

L’excellence comme exigence de soi

Pour Joséa Guedje, l’excellence ne se confond pas avec une quête illusoire de perfection. Elle s’incarne plutôt dans le désir constant de donner le meilleur d’elle-même, quelles que soient les conditions. De sa petite école du Bénin jusqu’aux amphithéâtres d’AgroParisTech, cette exigence l’a guidée et continue de la porter dans son doctorat.

La résilience comme force intérieure

Depuis l’enfance, elle a appris à transformer ses blessures en énergie et ses obstacles en opportunités. Chaque épreuve, académique, professionnelle, ou personnelle, a renforcé sa détermination. C’est cette capacité à rebondir qui lui a permis de franchir les étapes les plus ardues de son parcours.

La polyvalence comme richesse

Scientifique, oratrice, actrice et militante communautaire, Joséa revendique la richesse d’un parcours qui croise plusieurs univers. Elle croit profondément que c’est dans l’intersection des disciplines que naissent la créativité et l’impact. Sa vie témoigne qu’il est possible d’être à la fois chercheuse et militante, scientifique et oratrice, entrepreneure et actrice d’un film international.

La foi comme socle

Sa trajectoire est jalonnée de signes qui renforcent sa conviction : sa vie doit servir une mission plus grande qu’elle-même. Depuis le message intérieur entendu au CE1 jusqu’à la rencontre avec l’enfant touareg, la foi reste son ancrage, la lumière qui oriente ses choix et ses engagements.

Une philosophie de constance et de discipline

Pour elle, rien n’arrive par hasard. Les portes s’ouvrent à ceux qui se préparent et qui osent. Sa philosophie de vie repose sur la discipline, la polyvalence et la constance, qu’elle considère comme les moteurs véritables du succès.

Un message pour la jeunesse

Si Joséa devait résumer sa vision en une phrase, ce serait :

« Les opportunités appartiennent à ceux qui croient à leur vision et qui se donnent les moyens de la concrétiser. »

À travers son histoire, elle souhaite montrer qu’une blessure peut devenir une vocation, qu’une rencontre peut transformer une vie, et que l’exigence alliée à la foi peut porter une jeune femme béninoise vers les plus hautes sphères, qu’elles soient scientifiques ou artistiques. Pour elle, la polyvalence, lorsqu’elle est bien canalisée, n’est pas une dispersion mais une force.

Une ambition tournée vers l’impact

Son ambition est claire : être une passerelle. Entre la recherche et le terrain. Entre la science et la communauté. Entre l’Afrique et l’international. Car elle est convaincue que c’est dans ces liens vivants que se construit le véritable développement.

Projets et réalisations

Au fil de son parcours, Joséa Guedje a multiplié les projets et les réalisations qui traduisent son engagement et sa volonté de bâtir un avenir durable et inclusif. Parmi ses accomplissements les plus marquants figure la création de l’association Avenir Vert Solidaire (AVS), une initiative directement liée à la raison profonde qui l’a orientée vers l’agronomie. 

AVS met en place des systèmes d’aquaponie dans les orphelinats et les écoles, afin d’assurer leur autonomie alimentaire grâce à une production durable de poissons et de légumes. Les enfants deviennent acteurs de ce processus : ils apprennent à gérer les fermes, découvrent les cycles de vie des plantes et des poissons et participent à l’amélioration de leur propre alimentation. L’impact va au-delà de la nutrition : les bénéfices tirés de la vente d’une partie de la production sont réinvestis dans la confection de cahiers d’activités et de bandes dessinées, favorisant l’apprentissage et l’épanouissement des enfants. Avec déjà trois sites de production lancés et une ferme-école en activité, AVS incarne une vision concrète du développement durable au service des plus vulnérables.

À côté de ses engagements communautaires, Joséa s’est aussi illustrée dans le monde académique et artistique. Son mémoire de master, soutenu avec brio, a été publié sous forme de livre blanc par la Fondation Avril, un document de référence aujourd’hui diffusé sur différentes plateformes. Sa recherche s’est poursuivie avec l’obtention d’une bourse CIFRE de l’ANRT qui soutient sa thèse en cours, déjà reconnue pour son ancrage à la fois scientifique et territorial.

Joséa a marqué les esprits au cinéma en tant que l’une des têtes d’affiche du film Dahomey de Mati Diop, œuvre couronnée par l’Ours d’or à la Berlinale en 2024 et finaliste du Lux Awards à Bruxelles en 2025. Ces distinctions lui ont valu de fouler les grandes scènes internationales, de la Berlinale au Parlement européen, où elle a pris la parole pour évoquer les enjeux de mémoire, de culture et de jeunesse. Son talent d’oratrice, déjà éprouvé dans plus de quinze compétitions, lui a permis de remporter sept trophées et distinctions en art oratoire, confirmant sa capacité à défendre ses idées avec force et éloquence.

Ses projets personnels ne sont pas en reste. Le projet de vin, amorcé en 2018 en collaboration avec Ornella SODOKPA et relancé en 2025, témoigne de son audace entrepreneuriale et de sa volonté d’explorer des filières locales sous un nouvel angle. Quant à sa thèse, elle progresse avec une ambition internationale, renforcée par des collaborations avec des élus, des chercheurs et des institutions de renom.

Son parcours est jalonné de partenariats notables. Joséa a eu l’honneur de collaborer avec la Vice-présidente de la République du Bénin, qui fut sa mentor dans le cadre du programme 75 Elles de l’UNICEF. Elle a travaillé étroitement avec la réalisatrice Mati Diop, participé à des échanges avec des directrices de Sciences Po, et consolidé des liens avec la Fondation de France, qui soutient financièrement AVS. À travers ces initiatives, elle tisse un réseau solide entre l’Afrique et l’Europe, entre la science, l’art et le développement territorial.

À terme, Joséa Guedje souhaite réunir l’ensemble de ses convictions, expertises et compétences dans un projet global : la création d’un lycée technique privé à vocation panafricaine et latino-américaine. Ce lieu se veut une agora moderne, un espace de formation technique et humaine, un lycée qui forme à la vie autant qu’aux métiers. Conçu comme un tiers-lieu éducatif et une bibliothèque vivante au cœur de la nature, ce futur lycée favorisera les échanges interculturels, l’apprentissage collaboratif et la transmission des savoirs entre générations et continents. Avec son équipe, elle pose déjà les fondations de ce projet ambitieux et recherche des partenaires techniques et financiers désireux de s’associer à cette vision porteuse de sens, d’innovation et d’impact durable pour la jeunesse africaine et latino-américaine.

En parallèle de ses activités académiques et communautaires, Joséa Guedje s’implique progressivement dans la vie politique. Elle occupe le poste de chargée des jeunes pour le parti politique MOELE-Bénin, au niveau de la diaspora en France. Cet engagement traduit sa volonté de contribuer activement au développement de son pays et à l’épanouissement de la jeunesse, en œuvrant pour des politiques éducatives et sociales plus inclusives, participatives et tournées vers l’avenir.

Ces réalisations, qu’elles soient scientifiques, communautaires, artistiques ou entrepreneuriales, illustrent l’étendue d’une trajectoire hors du commun. Joséa Guedje incarne une jeunesse africaine capable de transformer les blessures en missions, les rêves en projets, et les projets en victoires durables.

Reconnaissance et influence

Grâce à son engagement constant en faveur de l’agronomie, du développement territorial et de l’innovation sociale, Joséa Guedje a su se faire une place parmi les jeunes figures montantes de son domaine. Son travail acharné et sa polyvalence lui ont valu une reconnaissance croissante, aussi bien dans le milieu académique que sur la scène culturelle internationale.

Distinctions et reconnaissances

Son parcours est jalonné de distinctions qui témoignent de son impact. Dans le domaine de la recherche, elle a obtenu la prestigieuse bourse CIFRE de l’ANRT pour soutenir sa thèse. À travers son association Avenir Vert Solidaire, elle a été lauréate de plusieurs prix, dont le Prix Déclics Jeunes de la Fondation de France, le 1er prix Initiative Étudiante au concours ODD de l’Université de Marseille, et le Prix Mohoforyoung 2025. En art oratoire, son talent a été couronné par sept trophées et distinctions. Enfin, son rôle dans le film Dahomey de Mati Diop l’a conduite sur les plus grandes scènes, avec notamment l’Ours d’or de la Berlinale et une nomination aux Lux Awards à Bruxelles.

Impact et perception de son travail

Auprès de sa communauté, Joséa est perçue comme une source d’inspiration et un modèle de persévérance. Son parcours atypique lui vaut le soutien d’un réseau fidèle qui croit en ses projets et suit de près ses avancées. Certains la sollicitent pour du coaching et la considèrent comme une référence pour la jeunesse, capable de transformer les blessures en vocation et les rêves en projets concrets.

Présence médiatique et interventions

Consciente de l’importance de la communication, elle a progressivement renforcé sa présence médiatique. Sollicitée par des médias tels que Mediapart, France 24, Libération, mais aussi par plusieurs influenceurs européens, elle partage son expérience et son expertise au-delà du monde académique. Elle participe régulièrement à des conférences et panels.

Un modèle pour la jeunesse

Au-delà de ses réussites, Joséa Guedje incarne pour beaucoup une visionnaire engagée, capable de concilier passion, science et engagement citoyen. Son histoire prouve que le succès ne se limite pas aux opportunités offertes, mais naît aussi de la résilience, de la foi et de la capacité à transformer les défis en opportunités.

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